Les maladies fongiques de l’orge
Helminthosporiose de l’orge (Drechslera teres = Helminthosporium teres = Pyrenophora teres)


Feuilles d’orge atteintes par l’helminthosporiose
(© Basf Agro)

Incidence économique

 L'helminthoporiose de l'orge se manifeste aussi bien sur l'orge d'hiver que sur l'orge de printemps. Les années à fortes précipitations font chuter les rendements de façon souvent importante: on a enregistré des pertes allant jusqu'à 40 % en Bavière. Les pertes les plus significatives se font quand les trois étages foliaires supérieurs sont atteints. La destruction de leurs capacités assimilatrices (mais aussi l'action directe des mycotoxines) est à l'origine des chutes de rendement en diminuant le poids de mille grains. On a également noté une diminution du nombre de grains par épi quand l'attaque avait eu lieu pendant l'épiaison.

Contamination, propagation et conservation

Résidus de moissons infestés et insuffisamment incorporés au sol, repousses d'orge ou semences infestées dès le départ. Le champignon survit sur les pailles laissées sur place. La succession d'orge d'hiver sur orge entraîne un danger d'infection primaire par les ascospores présentes sur les chaumes. L'infection secondaire se fait dans la parcelle ainsi que sur les parcelles éloignées par les conidiospores dispersées par le vent. Les conidiospores se forment dans des sporanges spécifiques sur les feuilles nécrosées. L'orge de printemps peut être contaminée par les cultures voisines d'orge d'hiver parasitées. Des semences infectées peuvent également être à l'origine d'une infection primaire.
La sporulation n'a lieu que sur les tissus nécrosés. Les conditions favorables sont: une atmosphère chaude et humide, dans une fourchette de températures se situant entre 5° et 35° C (optimum à 20° C), et une hygrométrie d'au moins 95 %. La dissémination des spores sur place est principalement due à des mouvements d'air conjoints à une faible hygrométrie. Dans la phase d'infection, afin que celle-ci atteigne son but, des conditions de forte hygrométrie de l'air sont cependant de nouveau requises (rythme alterné jour-nuit). En conditions favorables (20° C et 100 % d'hygrométrie de l'air), le temps de latence peut n'être que de cinq jours. Les symptômes se développent rapidement et conséquemment à une forte hygrométrie de l'air et des températures entre 12° et 15° C. Le champignon parasite les différents étages foliaires en progressant du bas vers le haut.


Aspects du type
« taches brunes»
de D. teres
(© Basf Agro)

La structure en réseau de D. teres
(© Basf Agro)

Diagnostic

Le champignon se manifeste surtout sur les feuilles, mais parfois aussi sur les gaines foliaires, les épis et les grains. Le diagnostic macroscopique est difficile; l'énorme variabilité des aspects de D. teres provoque des confusions faciles avec d'autres pathologies. Cependant, une vue sous la loupe, avec un grossissement x 30, permet un diagnostic sûr grâce aux sporanges de couleur foncée, en forme de bâtons, qui se trouvent isolément dans les nécroses foliaires.

Les deux variétés de D. teres, le type réseau et le type taches brunes, peuvent se trouver seules ou ensemble dans une même parcelle.

Le type "réseau" forme des nécroses caractéristiques en "mailles de filet" qui sont entourées de halos jaunes de dimensions variables. Elles dont dues à l'action des mycotoxines. Le type "taches brunes" provoque des nécroses linéaires, rectangulaires plus ou moins arrondies, ou ovales, de couleur brun clair à brun foncé, entourées de chloroses. Au stade avancé, les différentes taches se rejoignent et induisent rapidement la mort des feuilles atteintes.


La formation caractéristique en « réseau » sur feuille d’orge,
due à D. teres, type « réseau » (© Basf Agro)

Confusions possibles

Avec le type réseau : Les formations en stries qui finissent par se déchirer sont caractéristiques pour la maladie striée de l'orge. Une atteinte par Drechslera graminea provoque des taches rondes à elliptiques, parfois irrégulières, à centre jaune verdâtre et à bord brun foncé. Ces taches sont entourées d'une zone jaune. Il manque les stries brunâtres horizontales et longitudinales qui sont caractéristiques pour D. teres. Dans les conditions normales de culture, et en employant des semences désinfectées, il y aura cependant peu de risques de rencontrer la maladie striée de l'orge.

Avec le type taches brunes : Des taches brunes peuvent être provoquées par une réaction de défense de certaines variétés d'orge face à une attaque d'oïdium. Une autre confusion est possible au début d'une infection chez les variétés partiellement résistantes à la rhynchosporiose, ou encore en présence de Bipolaris sorokiniana. Au seul examen macroscopique, certaines maladies de carence (déficit en magnésium ou en manganèse), de même que certaines modifications physiologiques qui résultent des variétés employées ou des conditions climatiques, peuvent également donner l'apparence d'une atteinte par D. teres.

Moyens de lutte

Mesures agricoles préventives :

  • Bien incorporer les résidus de récolte au sol.
  • On réduira également les risques d'infection en favorisant le pourrissement de la paille, par l'élimination immédiate des repousses d'orge dans les friches et l'arrachage des repousses dans les cultures de colza.
  • Ne pas semer orge sur orge.
  • Ne pas semer trop tôt l'orge d'hiver.
  • Ne pas cultiver l'orge de printemps trop près d'une culture d'orge d'hiver.
  • Dans les principales régions à risques, employer des semences saines et désinfectées.

Mesures de lutte antifongique :

  • Pour combattre la maladie des taches brunes, on utilisera un traitement spécifique dès le début de la sporulation, à partir du stade 32. Le délai d'intervention avec un fongicide curatif est relativement court - un jour à un jour et demi après l'infection. Le début de la sporulation sur les étages foliaires inférieurs constitue donc le meilleur moment pour traiter. L'apparition de la sporulation permet en même temps de déterminer avec certitude l'agent pathogène en cause.
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